lundi, octobre 18, 2010

REEDITION DE "MARRIED ON" ( 2002 ):

Ce disque a une histoire un peu spéciale. En 2000 le label sur lequel je m'apprête à sortir "The Hard Rock" se retrouve licencié par Wagram, ce qui veut dire que Spirit ( label de l'époque situé dans les Alpes ) associe son catalogue à celui de la maison mère Wagram, profitant ainsi de la distribution, mais aussi de perfusions financières. Par exemple, alors que je n'ai pas de tourneur à ce moment là, on me propose une enveloppe pour me soutenir financièrement, louer un camion, payer de l'essence afin que j'aille jouer même quand les cachets sont minuscules. J'ai aussi à ce moment là une avance monétaire sur royautés qui me permet d'envisager de quitter mon travail de l'époque, enquêteur chez Ipsos. Je prend de plus en plus de congés et songe à vivre de la musique. David Argellies parle de jouer dans la rue et nous formons Cocktail Bananas. En 2001, alors que "The Hard Rock" a bénéficié d'une couverture médiatique comme je n'en ai jamais eu à ce moment là, j'ai un autre disque en poche, "Goodbye Lady Lane", que j'ai enregistré presque en même temps que "The Hard Rock". Spirit prévoit de le sortir en 2001, m'en parle tout le temps, me dit que le disque est super, qu' après "The Hard Rock" çà va créer une surprise. Je suis au mieux de ma forme. Je quitte Ipsos pour de bon, gonflé à bloc, rassuré d'avoir une maison de disque avec de l'envergure. David Argellies m'a offert un piano l'année d'avant, je décide que mon prochain disque sera centré autour de cet instrument. Avec une assurance comme je n'en ai pas eu depuis des années j'imagine un concept album autour d'une histoire de Rome, d'Italie et de voyage initiatique. Mais l'été 2001, j'apprends que le label chez qui je suis vient de déposer le bilan, que Wagram ne récupère pas le contrat. Ces derniers m'expliquent que mon disque est retiré des bacs, que sortir un disque de rock en 2000 est une idée débile, que l'electro est roi et que le rock ne reviendra jamais. Je me retrouve alors avec "Goodbye Lady Lane" sur les bras et un projet avorté nommé "Married on". Quelques jours après, alors que je pars en concert avec Geoffrey et Jorge ( bassiste et batteur qui m'accompagnent sur scène à ce moment là ), nous nous faisons cambrioler tout notre matériel. Puis quelques semaines plus tard mon appartement est cambriolé et je n'ai plus rien dans mon home studio. Eté 2001 je joue en concert avec Cocktail Bananas comme un dingue et tente de garder du courage pour continuer quoi qu'il arrive. Je n'ai plus d'emploi, plus d'instruments, plus de maison de disques. Je décide dans un premier temps de chercher à sortir "Goodbye Lady Lane" et un autre album que j'avais fini aussi quelques temps avant, "La cuisine selon certains principes". Le premier sort chez Odette Production, que je rencontre en septembre 2001, le deuxième chez Mk Label, ma structure. Le label Odette me propose une avance pour me racheter du matériel, puisque l'assurance propose une somme trop faible. Le temps de trouver les bons outils, je décide de finir "Married on" en l'écrivant sur partitions. De septembre 2001 à mars 2002, je n'ai rien pour enregistrer et je termine le disque au préalable sur papier afin de gagner du temps. Je redécouvre alors les accords 9eme, les accords 7eme Majeurs, les 11eme, les 13eme, mon envie de claviers 70's et d'improvisations. Je rencontre Benjamin Lebeau, qui joue à l'époque dans un duo au nom de Benja et Fatalis, futurs The Film, futurs The Shoes. Je propose à Benjamin de rejoindre les musiciens qui m'accompagnent sur scène. Jorge vient de céder sa place à Yann Stofer. Je rencontre des jazzmen à Bordeaux, issus groupes de free. Benjamin me prête un Solina et une chambre à échos. En mars, je suis prêt à terminer "Married On". Je m'enferme avec un cahier de bord pour noter toutes mes idées ( mon premier blog en quelques sortes ) mon piano et passe beaucoup de temps à jouer de la batterie au local l'Assonette. La guitare disparait naturellement de mes enregistrements puisque je n'en ai plus, et le disque est en effet orienté vers le piano. Je cherche un label que je ne trouve pas, et Odette/Mosaic me propose une sortie pour octobre 2001. Je voulais faire un disque fortement inspiré par mon idée d'un vieux Paris. On m'a souvent parlé des "brigades du Tigre" par rapport à "Married On". Une sorte de disque de musique française chanté en anglais. Je me suis fait des amis avec ce disque, PacoVolume m'a souvent parlé de cet album comme un de ses préférés et çà me touche beaucoup. Ben Pinard habitait Bordeaux à l'époque et me parlait souvent de cet album, ainsi que son ami Nicolas. Plus tard, ces deux là repartiront à Reims, l'un avec Bewitched Hands on the Top Of our Heads, l'autre avec Alb, puis les Bewitched. Je me souviens, au Milos de la rue du Parlement, boire des cafés avec eux et parler de piano. Derrière il y'a Jean François qui me regarde d'un mauvais oeil. On ne se connait pas encore mais il ne m'apprécie guère car il n'aime pas que je joue du banjo dans la rue. Il habite Bordeaux et ne s'appelle pas encore PacoVolume. On se rencontrera deux ans plus tard lors de son aménagement à Paris, étrangement, et on passera des soirées entières à faire des soli de guitare dans mon salon. Dans la rue, en jouant du banjo, je rencontre Benjamin Bardinet et toute une bande de gens qui écoutent de la soul, pour eux je suis un gentillet de la pop qui vient de sortir un disque chiant avec du piano. Des années plus tard je me retrouve à jouer avec lui dans Grand West. Je ne connais pas encore Henry mais je le croise parfois à l'Assonette, il sait que j'aime les orgues, il note çà dans sa tête, et je rejoindrai son Samba Wallace en tant qu'organiste l'année d'après. Pour moi, l'album "Married On" restera une étape étrange dans ma vie. C'est aussi le premier disque dans lequel j'arrête de coller des photomatons sur la pochette, persuadé que mes problèmes d' identité s'arrangeront bien mieux si je rencontre mon vrai père (chose que je ferai l'année d'après) que si je colle des photos d'identités dans mes disques pour noyer le poisson. Dans ce même élan, je comprend grâce aux Jellybears ( groupe garage que je rencontre cette année là ) que je suis un chanteur, et qu'un chanteur doit se mettre en couverture de ses disques pour donner des repères au gens. Pierre des Jellybears dirige un label, Time Tunnel Records, et me propose un 45 tours pour 2003. Mais je dois réfléchir à cette histoire de pochette et être dessus. Trop timide pour être en photo, je décide de me dessiner. Ainsi, sur la pochette de "Married On", il y'a pour la première fois un portrait de moi, même si c'est un de mes dessins. Plus tard je serai de plus en plus en photo, mort sur "Kim is dead", déguisé en loup sur "Rock n Roll Calvaire", dessiné sur "Archiconventionnel 2", en fille sur "Fatal Mambo", en batteur sur "Don Lee Doo", puis en quadruple portrait sur "Mary Lee Doo". Un zooming progressif. "Married On" est aussi le dernier disque dans lequel je tente de faire des jeux de mots passerelles entre l'anglais et le français. En effet, dans ce disque il y'a beaucoup de mélange des deux langues. Ce ne s'entend que très peu. Il faut prêter attention. J'ai enregistré tous les instruments sauf la trompette ( Matthieu Hauquier ), le vibraphone ( Helene Marseille), les trombones ( Domi du groupe Aspo ), les violoncelles ( Dorothée ). Il y'a aussi une chorale sur une chanson avec beaucoup de gens, dont Mélanie Valéra ( futur Tender Forever ) pour sa première apparition discographique.
Ce disque est enfin disponible en digital:

Ciao.

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